Cosmo-Info...10
4 janvier 2004
Éta de la Carène
Éta de la Carène (NGC 3372) est une étoile géante bleue, la plus lumineuse de notre galaxie, située à quelques 7500 années lumières de nous, environ cent fois plus massive et cinq millions de fois plus lumineuse que le soleil. Elle émet en permanence un puissant vent stellaire et est très instable. Elle est souvent le siège d'évènements violents et a éjecté au XIXème siècle deux gigantesques lobes symétriques de matière, en forme de champignons, qui masquent aujourd'hui l'étoile et dont la masse est estimée à une dizaine de masses solaires.
Pour la première fois, une équipe internationale dirigée par Roy van Boekel (ESO et Université d'Amsterdam), aidé en particulier d'A. M. Lagrange de l'Observatoire de Grenoble, a réussi à analyser plus finement la région centrale de l'astre, en utilisant les instruments NAOS-CONICA et VINCI d'optique adaptative et d'interférométrie du VLT de l'ESO au Chili. La résolution obtenue avec les interféromètres du VLTI atteint 0,005 secondes d'arc, ce qui correspond à 11 UA compte tenu de la distance, c'est-à-dire à peu près le grand axe de l'orbite de Jupiter.
Les observations infrarouges permettent de détailler la structure centrale complexe de l'objet, avec l'étoile géante et quelques autres zones lumineuses au sein de la nébuleuse (voir Astronomy and Astrophysics 410, L37-L40 et astroph-0310399)
L'étude montre également que le vent stellaire est plus important dans l'axe des deux lobes. On pense que cette orientation correspond à l'axe de rotation de l'étoile qui doit être fortement aplatie aux pôles compte tenu de sa rotation rapide. Les régions polaires de l'étoile, plus proches des réactions nucléaires centrales, sont ainsi plus chaudes que les régions équatoriales, ce qui doit favoriser l'émission de matière.
Si ce modèle est correct, on peut calculer la vitesse de rotation de l'étoile qui atteindrait 90 % de sa vitesse limite, ce qui amplifie son instabilité. L'étoile a sans doute entamé la dernière partie de sa vie qui va se terminer en supernovae dans quelques milliers ou dizaines de milliers d'années, avec très vraisemblablement d'ici là quelques nouveaux phénomènes spectaculaires.
Claude Picard
Références :
ESO press release 31/03 26 novembre 2003